La fibre associative
exemplaire
d'un Vitracois
Patrice BOUTENèGRE
(LA CHARENTE LIBRE MARDI 30 AOÛT 2005)

A 84 ans, Edgard Bissirier affiche un palmarès
à faire pâlir les plus grands champions. Des diplômes et des médailles,
il en a plein son tiroir, cet octogénaire en retraite depuis quatorze
années seulement. Il faut dire que l'homme a de l'entraînement. Sa
spécialité, c'est l'engagement associatif. Dès 1937, il se lance dans
l'aventure avec une bande de copains en créant un club de foot, l'ASV
(Association sportive de Vitrac).
«Il n'y avait pas de club dans le coin, on
jouait à l'époque avec des chaussures militaires et on faisait tous nos
déplacements à vélo: Exideuil, La Rochefoucauld... On poussait même
jusqu'à Montignac. Il n'y avait pas encore de vestiaires et il fallait
se nettoyer au Rivaillon (rivière qui traverse la petite commune de
Vitrac près de l'ancien terrain de foot)».
Depuis, les choses ont changé. Aujourd'hui,
les footballeurs de l'ASV disposent d'un terrain et de vestiaires bien
aménagés. Et le stade communal, inauguré par la municipalité en 1998, a
même été baptisé Edgard-Bissirier. Hommage à celui qui est resté
président du club vingt ans durant avant de céder la place, en 2003,
lors de la fusion avec Saint-Adjutory.
Bénévole à temps plein
La fibre associative d'Edgard Bissirier ne
s'arrête pas là. Il est depuis 1953 secrétaire de la société de chasse
locale, soit 52 ans de bons et loyaux services. Et le président, André
Soury, compte bien sur lui pour quelques années encore.
Il ne faut pas non plus oublier la pêche, dont
il est toujours le président: «J'ai fait mon entrée à la société de
pêche en 1957, j'y ai tenu le poste de vice-président jusqu'en 1991.
Depuis, j'occupe le poste de président. Mon mandat s'arrête dans deux
ans. Après, je verrai...» Toutes les rivières du coin, il les
connaît comme sa poche: «Encore hier, j'ai fait de la surveillance
concernant les niveaux des eaux. Ils sont bas et cela devient très
inquiétant». Les sujets de conversation ne manquent pas avec Edgard
Bissirier. Ce Vitracois pur souche, né dans le bourg à quelques pas de
son domicile, a un emploi du temps chargé.
Toujours prêt à rendre service, cet ancien
artisan maçon n'hésite pas à sortir son échelle pour aller chasser un
nid de frelons chez son voisin, à remettre une tuile en place, etc.

Il
dispose d'un petit atelier bien équipé à quelques pas de chez lui,
toujours dans le bourg. De la visite, il en a aussi souvent, autour d'un
petit verre. Chasse, pêche, foot... il a de quoi alimenter les
discussions. Son dernier voyage remonte au mois de juin. Avec la
municipalité, il est allé à Siesthal, en Moselle, où il a retrouvé des
anciens soldats réfugiés à Vitrac-Saint-Vincent en 1940, devenus des
amis. Entré dans la Résistance, lui sera amené à se déplacer à
Montendre. Il y fera la connaissance de Georgette, qui deviendra son
épouse. Depuis, ils ne se quittent plus, sauf le temps d'une partie de
pêche ou de chasse ! Il y a bien une association dont Edgard Bissirier
ne fait pas partie : l'Association musicale et culturelle de Vitrac,
celle qui organise le festival «Musique z'en vrac». C'est sa femme qui,
depuis sa création il y a dix-huit ans, met la main à la pâte. Mémoire
vivante de Vitrac, Edgard Bissirier peut se vanter de cumuler à lui tout
seul plus de 160 années de bons et loyaux services, toutes associations
confondues. Le bénévolat est un mot qu'il connaît bien. Peut-être signe
de longévité pour ce vaillant gaillard. |