SOUVENIRS
 de notre séjour à VITRAC SAINT VINCENT (Charente) de septembre 1939 à septembre 1940

d'après le récit original de Jeanne SCHNEIDER (épouse Jung)

 

 

Vitrac à l'époque

Le village ou bourg de Vitrac St Vincent était un lieu très actif. Des artisans de toutes sortes habitaient là. D'abord, il y avait trois bistrots, là où les hommes avaient l'occasion d'étancher leur soif. Il y avait aussi pas deux mais trois épiceries, deux en bas et une en haut chez Galardou : M et Mme Proly. Il y avait une boulangerie Bellet,  un cordonnier Louis Fourgeaud,  un réparateur et vendeur de vélos Edgar Bissirier. Il y avait un marchand de laine. Il pendait la laine des moutons, la lavait, la teignait puis la revendait. Il y avait une modiste, une dame qui avait de beaux chapeaux en paille que nous nous sommes empressées d'acheter. Il y avait au moins deux forgerons-charrons. Il y avait au moins deux menuisiers, un à Vitrac et l'autre à la Brande: Sardin. Pas loin il y avait une tuilerie Proly.  Il y avait aussi la poste où une dame s'occupait de tous les papiers de pension. M. Blanchier le marchand de bois, un boucher, un tonnelier mais je ne me rappelle pas de leurs noms. Il y avait bien sûr le maire M. Trapateau, un adjoint M. Léon Tardieu et les autres. Une église et en face habitait le sacristain. Un curé venait de temps en temps de Cherves avec une drôle de machine. Il était assis devant. Des jambes pendaient : c'était celles du servant de messe. Il n'y avait pas beaucoup de personnes qui allaient à l'église, mais nous y étions habitués. Avant d'aller à l'école, c'était d'abord la messe tous les jours sinon, punition. Et comme le curé de Siersthal était parti avec nous, il était le seul, je crois à posséder une voiture genre quatre- chevaux. Il faisait le même voyage que nous. Dès fois il nous dépassait, revenait en arrière pour nous surveiller, nous encourager ou nous bénir.  Il lui arrivait même de dire une messe sous un arbre. Il était donc avec nous à Vitrac et habitait avec sa sœur le long du chemin qui allait vers Puyravaud. Il disait une messe chaque jour.

Au centre, M. Louis Trapateau, Maire de Vitrac. À gauche Lucie Picard, à droite Ernestine Barthelmé.

Quelques fois, quand on était invité chez quelqu'un à manger, nous mangions la soupe et à la fin, nos hôtes faisaient « chabrot ». Cette soupe était très bonne. Il fallait laisser un peu de fond de soupe dans l'assiette et verser du vin dessus. Cela se faisait dans chaque maison. Nous, nous n'avions jamais vu cela et on me disait au Breuil ou ailleurs : "Jeanne, vous faites aussi chabrot" je répondais "Oui". Je ne voulais pas les vexer et j'avalais ce vin dans l'assiette avec un peu de gras dessus. Ils en étaient contents et rigolaient tous...

 

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