Extraits de la prise de
parole de
Daniel ZINTZ, Maire de SIERSTHAL
[...]
Il est important de rappeler en cette circonstance notre
histoire récente que nos concitoyens ont vécue, il y 70 ans,
cette histoire qui a fait se rencontrer nos deux régions, cette
histoire qui nous est commune et qui nous rassemble aujourd'hui.
[...] Le ministère de la guerre en France, avec à sa tête André MAGINOT, a
transformé la frontière française de Dunkerque à Bonifacio et tout
particulièrement la frontière avec l’Allemagne faisant du pays de Bitche un
immense chantier.
La
ligne Maginot était en pleine construction. Énormément de civils furent employés
à ces travaux et notre village fournissait beaucoup de main d'œuvre.Une
ligne de chemin de fer, une gare militaire, des dépôts de munitions pour y
stocker explosifs, munitions, essence, et équipement de rechange du génie furent
construits.Le
journal local était alors la « lothringer volkszeitung » en allemand ou la «
libre lorraine » en français. Une bibliothèque mobile(de Bitche) passe dans les
villages.Fin
1939, les instituteurs, après avoir cherché les masques à gaz au chef-lieu,
Sarreguemines, organisent sur ordre des séances pour apprendre à les utiliser.
Le 1er
Septembre 1939, les Allemands attaquent la Pologne.
Le 3
Septembre, l'Angleterre à11 heures et la France à 17 heures, déclarent la guerre
à l'Allemagne.
Voilà
le début de l'exode de nos villages vers la Charente. Les cloches sonnent le
rassemblement dans tous les villages de la 1ère zone et le garde champêtre passe
pour annoncer que les autorités militaires ordonnent à tous les habitants de
quitter le village dans un délai de 3 heures. C'était la panique, le branle bas
de combat. Les
ouvriers sont rappelés de suite des usines ainsi que les paysans qui travaillent
dans les champs.Valises, bagages sont chargés sur des charrettes et les voilà partis en
direction de Sarrebourg où un train de bétail les attend pour les emmener vers
la CHARENTE .
Le
village qui a offert l'hospitalité à nos habitants c'était le vôtre... VITRAC
SAINT VINCENT.
Tous
les amis Sersthaliens ici présents tiennent à rendre un hommage solennel à ceux
qui nous ont offert l’hospitalité.
Au
pays, pendant que les uns sont partis en exode, les autres subissent les combats
et la guerre fait rage. Les allemands avancent. Les maisons sont vidées et la
peur s'installe.
En Juin
1940 la France s'écroule.
Le 13
Juin à 9H30 le Général CHASTANET donne ordre de retraite aux divers régiments du
Secteur Fortifié de Rohrbach. Le 22
Juin 1940 c'est la signature de l'armistice à RETHONDES, dans la forêt de
Compiègne, dans le même wagon restaurant Nr 2419D où fut déjà signé l'armistice
du 11 novembre 1918. Au
SIMSERHOF la bataille continue : Les ou le cessez-le-feu est annoncé par la
radio nationale pour le 25Juin à 11H30 Mais les Allemands harcèlent la
forteresse depuis le 15 Juin. La reddition n'a lieu que le 30 juin 1940. Les
Allemands occupent la forteresse.
Voilà
à nouveau l'Alsace et la Moselle allemandes. La France est alors
divisée en quatre zones : la zone annexée, la zone interdite, la
zone occupée, la zone libre. Dès le
2 Juillet 1940, une première ordonnance est publiée pour la réintroduction de la
langue allemande. Dès lors, la langue française est proscrite et la langue
allemande est imposée. Il faut
maintenant « penser et parler Allemand ». Tout ce qui rappelle la France doit
disparaître. Le port
du béret est interdit, le cordon douanier est rétabli sur la frontière de 1870
et le chemin de fer local rattaché au réseau allemand. La Moselle est déclarée
officiellement annexée à l'Allemagne le 30 Novembre 1940. La
Moselle, la Sarre et le Palatinat formeront désormais le GAU WESTMARK dont la
capitale est SARREBRUCK. La
guerre est soi-disant finie et les francs français sont échangés contre des
reich marks. L'école
« la volkschule » devient l'instrument du régime. Le 16
Août 1940 c'est la dissolution de toutes les organisations éducatives, sportives
et culturelles existantes pour les jeunes et l’introduction des tickets de
rationnement. Les
Allemands organisent les animations de villages et la vie recommence.
A la
fin de l'automne 1943, les évasions et les désertions commencent. Les
jeunes pour ne pas partir sur les fronts notamment le front Russe sont cachés
dans les granges, les hangars, les forêts etc.Et
enfin, Décembre 1944, c'est la libération grâce à l'arrivée des troupes
américaines dans le village après de terribles combats. La
MOSELLE est redevient française et beaucoup de nos parents passent ensuite
beaucoup de leur temps au cimetière et devant les monuments aux morts. Toute
la population est concernée. SIERSTHAL fête sa libération.
Aujourd'hui, avec vous, nous voulons nous souvenir.
Et nous
sommes heureux de préserver nos liens et de faire vivre le passé. Votre accueil
nous honore. Les témoignages et échanges sont riches et amicaux. Il y a
4 ans maintenant, la commune a célébré dignement, avec une profonde
reconnaissance et aussi une grande émotion le 60ème anniversaire de la
Libération. Avec
l'ensemble de la population nous avons tenu à marquer ce 60ème anniversaire de
la libération par cet événement et nous vous remercions, cher amis de VITRAC
SAINT VINCENT, d'avoir répondu favorablement à notre invitation et d’avoir été
des nôtres. À cette occasion, nous avons baptisé notre salle des fêtes : Espace
Vitrac saint Vincent.
Aujourd’hui, nos enfants demandent à leurs parents, à leurs grands-parents, à
leur instituteur : « Pourquoi notre salle des fêtes s’appellent-elle ainsi ? ».
Vous connaissez la réponse. La
commune de SIERSTHAL a ainsi tenu à accomplir son devoir de mémoire.
Souvenez-vous !
Face à
l'adversité, nombreuses ont été les initiatives de solidarité et d'amitié de la
part de toute la population. Nombre
d'entre vous les ont vécues. Les années 44 et 45 furent alors marquées par un
grand élan de solidarité et par la volonté unanime de contribuer à une paix
durable et fraternelle. Une
formidable espérance collective de liberté, de délivrance, unissait alors nos
habitants aux habitants de VITRAC SAINT VINCENT. Nous ne
pouvons pas oublier tous ceux qui ont souffert, se sont battus et qui ont donné
leur vie pour vaincre un totalitarisme monstrueux dont il faut encore se méfier
tous les jours. Notre
devoir de mémoire nous demande de nous souvenir, Notre devoir de mémoire nous
demande de toujours leur rendre hommage. Mais le temps s'envole, les blessures
se cicatrisent, et aujourd'hui, 70 ans plus tard les Sersthaliens et les
Vitracois veulent bâtir un monde meilleur pour nos enfants et notre descendance.
Un monde où l'héritage de nos anciens soit respecté.[...]
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